Samedi sans dimanche : lundi. Je me mêle de mes affaires.
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Au revoir : ô bambin bombe d’autrefois. Autrement dit, moi et mon enfance comme le champignon de la bombe atomique en chacun de mes souvenirs. Des souvenirs qui seront adaptés au cinéma un jour. Hollywood j'arrive. Mon cerveau fait des free games over and over again. Mon modus operandi c'est que j'ai pas de ligne directrice. Shit. Avoir rien à dire. Dire à rien avoir une olympique de l’ineptie ou d’autre mot en « i » « j » « k » « l » « m » « n » « o » « p » … « q » « r » « s » comme satire sociale imprudente comme on se conte des peurs autour d’un feu de camp dans la cour arrière du malheur d’autrui.
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Silence dissonant : je t'explose. Je réfléchis comme une guitare désaccordée qui feed à travers un ampli, oui. Je pense comme une chanson de Sonic Youth. Je suis un cadavre d’émeute près d’un au revoir jamais prononcé. Le genre d’au revoir qu'on omet de dire pour repousser l’échéance d’une séparation plus que imminente. Je ne dis pas : « Je ne veux pas te perdre. » Je dis plutôt : « Je veux tout perdre. » Si pour ce faire je dois me jeter dans la gueule du loup. J’y serai mangé vivant et ce sera tout, oui. Elvis aurait eu 86 ans cette année. Out of nowhere je reviens en arrière, oui. Quand j'étais petit, j'aimais m'imaginer Elvis encore en vie et travaillant comme pompiste dans une station de service du fin fond du Nevada. À la lueur de ça mes pensées s’alignent aujourd'hui comme les accords de guitare du grand (6 pieds 6 pouces selon Google) Thurston Moore sur cette collection de fins des temps qu'est Daydream Nation pour moi pis c'est tout. À savoir la dissonance du poème écrit dans un hôpital psychiatrique. 12 chansons qui me ramènent : A.) en enfer. B.) en enfance. C.) toutes ces réponses. Un peu comme si j'avais tenté d’effacer mon enfance pour réécrire par dessus, et de cette façon, Elvis Presley tel que je le voyais enfant et la musique de Sonic Youth telle que je la ressens aujourd'hui, en viennent à se croiser discrètement, ici, au milieu de ce que je voudrais condamner à une noirceur perpétuelle. Entre 2 riffs de guitare distortionnée, j'observe la désolation de mon enfance en prenant conscience qu'observer relève plus de l’offensive que de la défensive en soi. Et j’en ressors changé mais pas dans le bon sens. Je ne suis plus l’enfant que j’aimerais encore être.
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Ô soleil de tsunami : ça m'inspire une fenêtre, oui. Qui elle ne m’inspire à peu près rien : « Saint-sacrament d’ostie de câlisse de saint-ciboire de tabarnak de crisse que c'est de la marde mon affaire. » Je comprends pas du tout ce qui est pas inutile. Meurtri dos au vent : un vol en plein jour. Trou de sourire sans mon haleine de guerrier immobile. Ah pis de la schnout esti, quand Robin Williams s'est suicidé en 2014, j'ai ressenti un grand vide à l’intérieur. Camus disait : Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Et la mort de Robin Williams vient donner un second souffle aux mots de Camus sans que je puisse écrire sur le sujet. Autrement dit, je suis à genoux comme à la messe à m'inventer des fantômes qui seraient gauchers pour l’anecdote. Et j'entends au loin des sirènes de police, oui. Ils marquent leur territoire dans mes oreilles à partir de la rue : effacer sans rancune. Je ne sais plus où je dois me tenir. Où je dois parler le braille. Où je dois me voir au subjonctif présent : que je me voie sans voix. Outre la mer que je n'ai vue qu'à la télévision. Une phrase que j’utilise comme alibi : Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Camus qui prend Robin Williams par la main. Sous mes yeux, un lundi. Sur ma vie, je n'y comprends absolument rien, oui. Et la lourdeur qui entoure ladite phrase est selon moi d’une esthétique redoutable.
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Assumer le rebord de ma respiration. Dans les moments roses des autres. Mon cœur : 0,3 kilogrammes quand y bat. Quand y bat pas, je le sais pas. Même si je sais le poids de tout ce qui existe, habituellement : « Et où vont les abeilles pendant les mois d’hiver? » « Elles hibernent, semble-t-il. » Et ça aboutit à une indicible absurdité : une vie. Et plus personne pour la survivre en forme de cercueil. Sur des kilomètres, plus rien ou au contraire : l’abondance. La chemise de l’aube dépoitraillée sur mon visage et des trous plein la couche d’ozone.
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Ma voix : c'est de la fumée sans feu.