Ne me demandez pas
pourquoi,
à chaque vol d’oiseaux éreintés,
fuyant dans le ciel lunaire,
je touche du doigt
la beauté
et la volupté,
comme une petite mort lubrique.
Ne me demandez pas pourquoi,
lorsque je vous écoute,
je me sens
dépouillée de mon écorce,
nue et blessée,
telle une éternité consumée.
Et quand je vous observe,
fantômes immuables,
devant vos écrans bleutés
chargés de propagandes obscènes,
ou d’illusions virtuoses,
je préfère me blottir,
dans la réconfortante rhétorique de Chomsky.
Ne me demandez pas pourquoi,
quand je descends les plaines arides
et dépeuplées de mon enfance,
mes larmes ont le goût
de la poussière et du chaos,
comme le souffle âcre du crépuscule.
La lune est triomphante ce soir !
Oscillante et gémissante,
ocre et nacrée,
Elle doit avoir le goût d’un sucre d’orge...
Vous ne croyez pas ?
Je me sens lasse.
Si lasse.
Par pitié !
Demandez-moi seulement
pourquoi la vie exhale
les sens de l’envie,
la douleur d’être aimée
tapie dans la désuétude,
la joie fugace et aveugle
d’être suspendue dans le néant,
en attendant la fin.