Recommandations littéraires

Un café avec Marie de Serge Bouchard

Un café avec Marie, juste au titre, j’avais les yeux pleins d’eau ; souvenirs des personnes qui me sont chères avec lesquelles je ne suis pas allée prendre un café depuis longtemps. Je dois l’avouer, avant même d’ouvrir le livre, j’avais énormément d’attentes.

Tout ce que Serge Bouchard avait à raconter qui lui était personnel, j’ai simplement adoré. J’ai aimé en apprendre sur sa mère, ses enfants, ses femmes, ses anecdotes sur sa thèse de doctorat, son regard sur sa propre vie. Ses titres de films préférés m’ont fait éclater de rire au point où j’ai dû lire l’extrait à mon être cher. Pour ce qui est de l’universel, les observations portées sur la société m’ont parfois semblé généralisées. Par moment, j’ai trouvé qu’elles manquaient de nuances. « Pour l’humain, la liberté n’est qu’un mot, une déclaration de principe, un concept abstrait. Car s’il lui fallait assumer vraiment sa liberté, il serait effrayé et perdu, cherchant aussitôt un poteau pour s’attacher, une cabane pour s’abriter […] ». (Bouchard, 2021, p. 159) Comment peut-on avoir la certitude que tous les humains ont peur de la liberté au point de vouloir s’encabaner ? La sédentarisation forcée fait d’ailleurs partie de ce que Michel Jean dénonce dans son roman Kukum. Au départ, devant de telles conclusions, je dois avouer avoir éprouvé un malaise. Puis, au fil de l’œuvre, j’ai découvert un regard bienveillant sur le monde et sur les gens. J’ai trouvé qu’il y avait des généralisations et des maladresses, mais jamais de mauvaises intentions. J’ai donc pardonné l’utilisation du mot « humain ». C’est peut-être par voyeurisme ou par frustration de lire le dernier Serge Bouchard, mais, tout au long du livre, j’aurais remplacé l’universel par le personnel. En fait, j’aurais souhaité que l’intégralité de l’ouvrage suive le propos du prologue et de l’épilogue, qui sont, à mon sens, absolument remarquables et inoubliables. Des cafés avec Marie, j’en aurais bu mille.

À la vue de la page couverture, je m’attendais à des histoires de gens et de lattés, et il y en a eu peu dans ce recueil. Néanmoins, j’ai trouvé quelques perles et j’ai éprouvé du plaisir pendant ma lecture. Par son style d’écriture brillant parfois touchant, Un café avec Marie est un lieu privilégié pour passer du temps avec Serge Bouchard et pour se jouer sa voix une toute dernière fois.

« J’ai eu peur de la vie et j’ai beaucoup vécu ». (Bouchard, 2021, p. 117)

En vous souhaitant un bon May West avec Marie, M. Bouchard.


BOUCHARD, Serge. Un café avec Marie, Coll. « Papiers collés », Montréal, Éditions du Boréal, 2021, 270 p.

Note d’appréciation : 8/10

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